Y’a-t-il
crapulerie plus immonde que celle de ravir un enfant à sa mère, à son père, à
ses frères, à ses copains de jeux ou de classe ?
Y’a-t-il
crapulerie plus immonde que celle d’assouvir ses bas instincts sexuels sur un
corps frêle, innocent et incapable de résister ou de fuir ?
Y’a-t-il
crapulerie plus immonde que celle d’étrangler un ange et de jeter son corps
désarticulé dans le puits de sa forfaiture ?
Et
y’a-t-il plus démagogique réaction que celle qui appelle à la réserve et à la
raison tous ceux qui, étranglés de colère et de révolte, crient vengeance à la
place des victimes et de leurs parents et amis qui ne les reverront plus, et dont la consternation n’a d’égale que
l’incompréhension face à cette barbarie ?
Y’a-t-il
plus vilain opportunisme que celui de ces faux révoltés qui exploitent la
détresse du peuple pour détourner les colères légitimes, en faisant des
tremplins à leurs agendas politiques ?
Mais,
au-delà des drames que vivent les familles, l’actualité nationale qui focalise
depuis quelques mois sur ces tragédies est une aubaine…
Aubaine
pour l’homme politique car elle permet de faire diversion aux impasses dans lesquelles il s’est fourvoyé et
fourvoyé le pays pour cause d’une gestion au jour le jour, sans vision et sans
âme, sans morale et sans conviction… impasses dont ces crimes sont quelque part
une résultante…
Aubaine
pour les prédateurs qui peuvent se faufiler derrière les masses criant
vengeance et faire oublier que l’amoralité qu’ils ont favorisée par leur
cupidité est quelque part, elle aussi, une des causes de ces crimes…
Aubaine
pour les faux dévots de la religion wahabisée qui peuvent jubiler en mettant
sur le compte des hérésies ces pratiques alors qu’elles ne sont que les
conséquences de leur conception d’une foi qui s’oppose hardiment à la Loi au nom de la
prépondérance du dogme dont ils font commerce, sur le réel dont ils tirent
profit…
Aubaine
pour une presse à sensation que rien ne rebute et qui s’est si bassement mercantilisée
qu’elle a fini par croire que l’honneur de la profession n’appartient qu’à ceux
qui s’abaissent pour le ramasser…
Aubaine
pour des pays qui, pour échapper aux banqueroutes sociales et financières qui
se profilent, se sont faits redresseurs de torts et qui, de derrière leurs
lorgnettes épient les soubresauts et à l’aide de leurs sous-traitants locaux, tisonnent
les feux des bouillonnements populaires sur lesquels ils misent pour affaiblir
les pays qu’ils veulent mettre sous leur botte en leur créant de sanglants
« printemps » artificiels…
Aubaine
pour les politicards professionnels qui vont de redressements en redressements
juste pour donner l’illusion du mouvement à des formations politiques
ankylosées et engluées dans les loufoques combats de leadership et les luttes
intestines et qui s’assurent un répit sans gloire en profitant des grosses
fébrilités sociales que génèrent les tragédies…
Aubaine
pour les analystes en tout genre qui peuvent donner libre cours à leurs logorrhées
discursives sur ces infamies qu’on découvre avec des yeux horrifiés alors que
c’est un phénomène de société aussi présent dans nos mœurs que le sont certains
de nos atavismes hilaliens…
Mais
terrible illusion que celle de tout un peuple qui, au nom de la protection de
ses enfants, crie haro sur ceux qui sont coupables de les lui ravir aussi
perfidement, en oubliant seulement que ces ravisseurs dont il croit se
débarrasser en exigeant qu’ils soient pendus haut et court ne sont eux-mêmes
que… ses propres enfants !
Terrible
illusion aussi, que celle qui fait croire qu’on peut éradiquer un cancer
métastasé en s’arrachant le membre le plus touché, sans savoir qu’un corps social
trop profondément atteint ne peut survivre sans un traitement en profondeur…
Mais,
pourquoi ne pas le reconnaître, cette levée de boucliers d’une société qui en a
pourtant vu d’autres en matière d’atrocités, n’est elle pas un signe évident d’une
belle prise de conscience, salvatrice
par les débats qu’elle suscite, les controverses qu’elle alimente, les passions
qu’elle allume, les questionnements qu’elle pose, les tabous qu’elle dévoile ?...
C’est l’émotion
suscitée par la découverte du cadavre du fils de Charles Lindbergh le 12 mais
1932 qui a poussé la
Société Américaine à faire du rapt d’enfant un crime fédéral
passible de la peine de mort, dont fit
les frais Bruno Hauptman qui en fut reconnu coupable, même s’il clama son
innocence jusqu’à sa mort sur la chaise électrique 4 ans plus tard…
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