mercredi 15 juin 2011

AFIN QUE NUL NE DISE : JE N’AI PAS ETE ASSOCIE !


Face au carrousel de leaders qui défilent devant Bensalah et dont la plupart sont des généraux sans troupes qui ne représentent même pas leur propres personnes car n’ayant ni philosophie sociale, ni projet de société en tête, ni principes à défendre, on peut sans grand risque prévoir ce que donneront ces consultations marathoniennes initiées par Monsieur le Président de la République suite aux mouvements de contestation de Janvier que certains ne désespèrent pas de régénérer en soufflant vainement sur leurs cendres.

Ces consultations sont ignorées royalement par ce bon peuple algérien à qui « on ne la fait plus » après qu’on l’ait utilisé depuis 1962 comme banc d’essai à toutes les expériences que ses pseudos élites lui présentaient à chaque fois comme solutions idéales de gouvernance… De la « Charte d’Alger » à la « Charte Nationale » puis à la Constitution revue et corrigée à chaque virage politique, à chaque « redressement » ou à chaque révolte populaire d’envergure, ce ne sont pas les textes qui nous manquent mais leur application qui fait défaut, tant il est vrai que dans notre frénésie « textivore », nous avons pris l’habitude de promulguer l’antithèse avant même d’avoir expérimenté la thèse et aujourd’hui, ce ne sont pas de nouveaux textes que nous devrions penser à imposer comme carcans supplémentaires qui s’ajouteraient à notre déjà trop lourde bureaucratie mais un « formatage » radical du JORADP qui nous conférerait la liberté d’entreprendre de créer, de réfléchir, d’écrire, de dire, de lire et de rire sans cette censure castratrice que des coupeurs invétérés de cheveux en quatre appellent « réglementation » et qui est très souvent la source de toutes les corruptions, de tous les abus de pouvoir, de droits et de privilèges et de tous les blocages, de toutes les contestations.

L’opération « consultation » que le Président voulait la plus large possible semble s’orienter, au vu des invités, vers celle exclusive de ces pseudos leaders qui n’ont rien prouvé et qui savent nager avec allégresse dans les eaux putrides du conformisme quand on leur offre le moindre strapontin mais qui crachent les flammes sulfureuses de la contestation dès qu’ils se voient éjectés par la centrifugeuse de l’Histoire ou par l’effet de la sénilité.

Ces gens là théorisent pompeusement sur des options politiques, culturelles, économiques, identitaires, cultuelles ou sociales en lesquelles ils sont les derniers à croire. Leurs slogans, leurs invectives, leurs diatribes ne sont mêmes pas destinés à leurs troupes dont l’insignifiance de l’effectif le dispute à l’indigence de la conscience, mais seulement à des organes de presse qui croient qu’informer c’est essentiellement s’opposer et qui, en leur ouvrant leurs colonnes pensent leur construire des statures, des statuts et des statues…

D’aucuns parmi la faune d’ « opposisionnistes » refusent de se prêter à ces joutes consultatives en fustigeant l’initiateur, en ironisant sur la méthode ou en doutant des résultats… Ceux –là n’ont jamais admis autre chose que leurs critiques depuis 1963 et quand une frange préconise une constituante l’autre exige le départ du Président ; deux conditions qu’ils savent irréalistes, pour continuer à jouir du confort de l’opposant systémique qui ne risque jamais de dévoiler ses faiblesses en s’abaissant à la gestion directe des préoccupations de « la canaille »…

Le Président Bouteflika est réputé « roublard » (sans aucune idée péjorative) ; on le sait amateur de défis… Ces consultations quoi qu’on fasse ou ne fasse pas, quoi qu’on dise ou taise, revêtent elles aussi le caractère d’ un éminent défi. A ceux et celles qui ne refusaient les communes chevauchées qui leur étaient proposées que pour mieux faire accréditer l’idée d’un pouvoir faisant cavalier seul, on propose officiellement et « devant le Bon Dieu et Ses Hommes » de se joindre à la caravane et de participer à la définition de l’itinéraire et des modalités de la traversée… Ceux qui refuseront ne pourront qu’aboyer de dépit quand elle se remettra en route sans eux. Le peuple étant pris à témoin que personne parmi eux n’aura été préalablement exclu.

Nonobstant le résultat qu’on attend donc de ces consultations, c’est surtout la preuve de la volonté d’association de tous les acteurs de la vie politique, économique et sociale qu’on veut montrer afin que demain nul ne dise : cela s’est fait à mon insu !

Charles Augustin Sainte-Beuve disait : « De chaque discussion chacun se retire convaincu par ses propres arguments »… Ceux qui n’ont aucun argument valable à faire valoir, eux, se retirent au préalable de toute discussion…

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