
19 Avril 2011
Pinochet s'était fait prendre en Europe en dépit de son statut de VIP et de son immunité parlementaire non pas pour la mort de 10 000 chiliens et l'arrestation de 30 000 autres mais parce que durant son règne sanglant quelques espagnols seraient morts de mort violente au Chili...
Ce vieillard devenu inutile parce qu’inutilisable a payé, comme Papon, pour les turpitudes d'une politique dont il n'était que le parfait exécutant afin que les concepteurs et les innombrables autres exécutants de cette politique retrouvent blancheur et virginité.
Les apparences ont été sauves et l'on a pu louer ces bonnes vieilles démocraties occidentales pour leur si scrupuleux respect des droits de l'homme (occidental).
Mais nous autres, observateurs passifs - par la force des choses -, nous ressentons comme une vilaine arête dans la gorge devant ces parodies de procès qui se veulent exemplaires.
D'abord par une pointe de pitié quand même pour ces fossiles dont on médiatise l'affaire à grand renfort de mots et de photos après qu'ils soient devenus si désarmés et si impuissants, ensuite pour cette propension à réduire des drames historiques de grande ampleur à la seule dimension d'un homme aussi puissant fût-il, arrivant ainsi à fausser leur analyse en la confinant à une responsabilité individuelle quand ils résultent en réalité de politiques planifiées et exécutées selon des stratégies hautement étudiées dans les centres névralgiques de décision qui se situent parfois à des milliers de kilomètres des lieux où ils se déroulent.
C'est comme ça qu'en sacrifiant Papon sur l'autel de sa bonne conscience, la France s'est lavée les deux mains (l'une ensanglantée par la participation de Vichy à l'holocauste et l' autre par ses crimes contre l'humanité indigène de sa colonie algérienne).
C'est comme ça qu'on essaie de rendre aux tueurs serbes leur honneur perdu, en focalisant sur quelques échantillons représentatifs de leur monstruosité et en les présentant comme seuls coupables d'un génocide mené en Bosnie par d'innombrables clones de Radovan Karasic patiemment fabriqués dans les laboratoires de la haine ethnique...
Et ceux qui se félicitent à grosses manchettes et à grands coups de gueule de ces piteuses fins des monstres doivent s'éviter de crier victoire trop tôt sur la portée pédagogique de ces leçons.
Nuremberg et son retentissement médiatique n'ont empêché ni le déversement des défoliants et de l'agent orange sur les rizières vietnamiennes ni les appétits nécrophages des Khmers rouges ni la gégène, ni le goulag ni Sabra et Chatila ni le Rwanda ni Rais et Bentalha.
En réalité, ces opérations de blanchiment de la conscience trouble des états par l'étêtement de la partie proéminente des icebergs de l'imbécillité, même si, elles sont quelque part nécessaires, tuent peut-être la bête mais n'éliminent pas du tout le venin...
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