jeudi 6 juin 2013

PERIL EN LA DEMEURE

  
Qui peut dire quand nos premiers ressorts se sont cassés ?
 
Qui peut dire aussi quand s’arrêtera notre descente aux enfers et surtout par quels moyens nous arriverons à infléchir notre tragique et incompréhensible tendance à l’autodestruction ?

Comment expliquer qu’un peuple qui disait que la propreté était partie intrinsèque de la foi, soit devenu si peu regardant à tout ce qui pollue son pays  alors qu’il fait si obséquieusement preuve de bigoterie?

Comment comprendre qu’un peuple qui considérait le pain comme sacré, puisse aujourd’hui le donner au bétail par chargements entiers de semi-remorques ou le jeter sans état d’âme, parmi les couches bébés, les arêtes de sardine et les coquilles d’œufs dans les poubelles ?

Souvenons-nous… Il n’y a pourtant pas si longtemps, quand on laissait tomber par inadvertance un crouton de pain ou un morceau de galette, comment on les ramassait avec délicatesse et comment on les embrassait pour leur demander pardon d’avoir été peu attentionnés envers eux, avant de les manger ou de les déposer dans un lieu propre pour qu’ils servent de nourriture aux chats ou aux oiseaux et regardons cette régression très peu féconde qui nous fait voir à tout bout de champ du pain blanc nourrissant les rats…

Souvenons nous du brave garde-champêtre d’antan qui, sans armes, faisait régner l’ordre et la discipline, empêchant les enfants de martyriser les mûriers des bords de rue, et dispersant du crézyl sur les sardines quand sonnait onze heures du matin sans se faire supplier ni soudoyer... et comparons un peu avec ces poissonniers d’aujourd’hui qui courent nos quartiers à toute heure, couverts d’un nuage de mouches…

Regardons ce que nous sommes devenus et dans quelles conditions nous acceptons d’évoluer…  égouts éventrés, immondices entassés sous nos fenêtres et dans les espaces où s’ébattent nos enfants, bouteilles en polyéthylène jonchant même nos jardins publics, sachets noirs volant au vent comme lugubres corbeaux, chiens errants squattant impunément nos rues, rats grassouillets évoluant à leur aise entre nos poubelles…

Très prompts à exiger nos droits en fermant les routes ou en désertant nos postes de travail, nous satirisons sur le mot volontariat et considérons les « campagnes d’hygiène » comme loufoque démagogie.

Notre taghannant séculaire s’est encore accentuée par l’effet de notre déresponsabilisation héritée d’un socialisme castrant qui nous  disait, pourvu que nous fermions nos g…,  que le travail est un droit et non un devoir, qui parlait de partage de la rente et non de sa création, qui prétendait tout nous planifier, ne nous laissant aptes à assumer que les seules fonctions biologiques : manger n’importe comment et déféquer n’importe où.

Et quand ce socialisme de la mamelle fut abandonné, c’est un autre système hybride qui est venu le remplacer : celui  de l’apparente aisance gadgétisée par tout ce que l’occident et l’orient produisent en bibelots que nous importons par pleines cargaisons et qui viennent colorer nos étals pour un temps pour surcharger ensuite nos décharges pour toujours…

Ce « libéralisme » débridé ne semble nous avoir été imposé que pour que nous servions de réceptacle aux trop-pleins d’ailleurs. Nos professionnels de l’import-import, courant d’Istambul à Pékin pour nous ramener les tissus bas de gamme, les jouets débiles, les cosmétiques aux formules douteuses, les gadgets électroniques de contrefaçon jusqu’aux voitures et camions hors normes…
 
Faut-il alors s’étonner, dans ce pays devenu un vaste dépotoir, de constater, outre l’hécatombe routière conséquente aux défauts de fabrication,  la recrudescence vertigineuse de toutes les pathologies que nous ne connaissions presque pas, de l’asthme et des maladies allergogènes au diabète, à l’hypertension et aux autres maladies à causes alimentaires, aux cancers de différents types que nous inoculent tous ces produits non contrôlés, toutes ces nuisances auxquelles nous sommes soumis ?

Aujourd’hui ce n’est plus la sirène d’alarme qu’il faut tirer… C’est la forme de gouvernance qu’il est impératif de changer et la prise de conscience populaire qui doit absolument s’imposer à tout le peuple car le péril en la demeure, toute la demeure,  n’est plus potentiel mais patent…


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