A
l'entrée Est des Gorges de Lakhdaria (ex Gorges de Palestro), des jeunes et
moins jeunes avaient fini par créer une grosse dynamique commerciale... Des
vendeurs de cailles grillées s'y étaient installés, des étals de poterie ont
suivi puis sont venus les vendeurs d'huile, de figues, d'arbres, de petits
animaux d'élevages etc... L'endroit a fini par connaître une belle affluence et
permettre à des centaines de sans-emplois de trouver à quoi s'occuper sans
déranger quiconque...
Un
beau matin, les responsables ont décidé de faire place nette de ce carrefour
coloré où se reposaient les familles et qui remplissait de vie un espace voué à
la solitude...
Chassés des lieux, les commerçants occasionnels se sont
certainement reconvertis en gardiens de parkings informels, en vendeurs de
cigarettes ou en coupeurs de routes car rien ne leur a été proposé en échange
de l'abandon forcé de leurs activités... La caille qui s'y consommait -
peut-être sans trop regarder à l'hygiène - avait fini par créer des vocations
et nombre de petits éleveurs y avaient trouvé intérêt; les artisans pouvaient
pour leur part y proposer les objets qu'ils réalisaient, les éleveurs de
poulets de ferme et de lapins ont dû certainement trouver en cet espace
providentiel un stimulant qui les a encouragés à mieux rentabiliser leur
vocation...
Puis
il y'eut la décision de raser tout espace commercial informel... L'idée visait
peut être à décourager la concurrence déloyale, à renflouer le fisc, à
"déclochardiser" les villes ou à imposer un minimum d'hygiène... Son
application même aux espaces de convivialité extra-muros est à inscrire dans le
registre de nos mémorables gaffes...
S'il
vous arrive de passer aujourd'hui par "Les Gorges", vous traverserez
un no-man's land désolé et lugubre là où il y'a à peine quelques mois on
pouvait trouver une véritable ruche humaine... A perdre son latin ! Ubi
solitudinem faciunt pacem appellant*
*Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont fait la paix
*Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont fait la paix
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