mardi 9 août 2011

L’AUBAINE DES BONATERO DE LA PRESSE ET DE LA POLITIQUE


Depuis quelques jours, les chroniqueurs de presse et les "discoureurs" de la politique se sont convertis en économistes pour nous mettre en garde contre des calamités financières sans précédent du fait de la dévaluation attendue du Dollar conséquente elle-même à la gestion de la dette américaine…

Ces mises en gardes sont parfois ponctuées par des prévisions apocalyptiques mais surtout aussi par une culpabilisation directe et « sans bénéfice du moindre doute » contre les décideurs qui n’auraient pas fait preuve de prospective ou, plus grave, qui auraient sciemment pris les pires décisions en matière de protection de nos fonds, négociant même perfidement certaines de ces décisions contre le soutien par les Yankees à leurs options politiques… pas moins ! (1)

Si le risque de voir nos réserves pâtir de la situation financière américaine est patent, nous ne sommes pas les seuls à nous y attendre et à le redouter car tout le monde sait que quand le dollar tousse la finance mondiale se grippe et il n’est pas certain que si nous avions adopté d’autres mesures que celles qu’on critique aujourd’hui, nous nous serions sortis d’affaire car le monde est plus qu’en toute autre chose, en matière de finances, un village planétaire ayant pour totem le dieu Dollar.

L’économie mondiale est si interdépendante qu’elle devient sensible au moindre bruissement du billet vert, à la plus petite rumeur sur l’or noir, à toute secousse tellurique qui frapperait Tégucicalpa, ou à toute menace de débrayage des contrôleurs aériens de l’aéroport de Nairobi… il est naturel que la fébrilité s’empare des marchés et des hommes quand un choc violent vient ébranler Wall-Street ou déstabiliser trop brutalement le CAC, le NASDAQ ou tout indice boursier. Et ce n’est pas parce que notre économie refuse obstinément de se mettre en bourse pour les réflexes « socialisants » passéistes de ses servants, la frilosité de ses institutions bancaires ou l’indigence de la culture d’entreprise de ses capitaines d’industrie, qu’elle échapperait aux répercussions d’une crise aigue des finances internationales.

Mais, et c’est devenu chez nous une constante, à chaque fois qu’un risque quelconque : sanitaire, sismique, sécuritaire ou financier menace de nous toucher, se lèvent en masse les oiseaux de mauvaise augure, les prophètes du malheur et les stratèges de la terreur, non pas pour préconiser les solutions mais pour mettre en garde contre les cataclysmes, non par amour du pays et de son peuple mais juste pour culpabiliser les décideurs du moment en leur imputant ces cataclysmes beaucoup plus qu’aux phénomènes très complexes qui en sont la réelle cause.

ET très souvent ces mises en garde sont ponctuées par de fiers et déplacés cocoricos revenant en antiennes, clamant des : « nous avions pourtant prévenu », justifiés par des petites phrases décontextualisées, sorties de leurs anciennes logorrhées discursives ou éditoriales…

Il est vrai que rien ne justifie la surprise en matière de gestion du pays et de ses ressources car les instruments prospectifs et projectifs mis en place depuis 1962 et qui ont des noms bien ronflants allant de l’INSG au Ministère des Statistiques et de la Prospective en passant par les Observatoires des Catastrophes en tous genres, qui occupent des milliers de personnes et dépensent des budgets faramineux devraient au moins nous alerter faute de nous en prémunir, mais il est de très mauvaise guerre de régler des comptes politiques en recourant au catastrophisme et très souvent en montrant une jubilation proportionnelles aux catastrophes annoncées et… espérées…

Il est très facile, quand on n’a de compte à rendre à personne, même pas à sa conscience, de prévoir les calamités dont seraient coupables les autres. C’est un jeu duquel on sort gagnant à tous les coups. Si la prévision se vérifie, elle vous donne l’aura d’un prophète, et si elle n’a pas lieu, personne ne se souviendra de la prédiction, et le prédicateur attendra une autre catastrophe à annoncer en espérant qu’elle se produira…

C’est un art que pratiquent avec délectation les voyants et médiums depuis la nuit des temps sans que le monde ne sanctionne leurs supercheries, lançant tous azimuts leurs prophéties pour se gargariser de leur perspicacité en rappelant aux gens tout insignifiant fait prévu et que les coïncidences ou le hasard auraient réalisé, mais taisant piteusement tout ce qui ne s’est avéré que divagations et tirages de plans sur la comète…

Comme les Madame Soleil qui hantent les magazines à sensation, les Bounatiro politiques du catastrophisme courent les journaux à ordre en rêvant de décrocher les gros lots de la bonne prévision...

Moins cyniques et plus courageuses, les premières ont au moins la témérité de ne pas attendre les signes avant coureurs des évènements pour les annoncer…

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