
Après leur mémorables coude à coude pédestre aux côtés du vieux San’t Egidiote au bonnet d’astrakhan, c’est sans surprise que l’on revoit Sadi et Djaballah faire cause commune, cette fois-ci pour fustiger Kaddafi et féliciter un CNT aux contours pourtant très
imprécis et aux soutiens et amitiés suspects…
Il est vrai que le leader libyen
déchu avait de quoi inspirer de l’antipathie à ces deux leaders « intégristes » dans leurs genres car il s’est toujours montré « intégriste » pour sa part dans son opposition aux deux principes supposés défendus par ces deux hommes : le « culturalisme exclusiviste» du pre
mier et le « cultualisme dilutioniste » du second… Mais ce n’est certainement pas ces divergences d’approches idéologiques ou théologiques qui ont poussé ces deux messieurs à marquer de si ostensible manière leur préférence pour le CNT libyen ; d’abord parce que ce mouvement n’a aucune espèce de principe de gouvernance ; conçu et actionné pour les besoins de la seule cause néocoloniale sarkosyste, il n’a qu’une seule mission : celle d’être présenté comme oppositi
on armée crédible qui devait suivre les rafales et torpédo de la coalition occidentale et investir les espaces qu’ils lui libéreraient. A charge pour les médias lourds du moyen orient de lui moduler l’image pour en faire un mouvement de libération autonome et structuré…
La circonspection avec laquelle les Etats-Unis, la Russie, la Chine et d’autres puissances voient ce mouvement témoigne de toutes les ambigüités liées à sa genèse, sa composante, ses méthodes et ses motivations, le seul élément connu étant sa mission putschiste…

Quand Sadi et Djaballah, simultanément, lui adressent leurs satisfécits, ce sont ces ambigüités qu’ils cultivent car on ne peut décemment plaire à de si irréductibles opposants de principe si on ne véhicule pas soi-même des contradictions aussi fortes que celles que supporte notre grand marcheur au bonnet d’astrakhan qui se fait partisan du « qui tu qui » incriminant l’armée sans hésiter à lui suggérer le pronunciamiento…
L’opportunisme de la démarche des deux représentants Démocrato-Islamiste est par ailleurs illustré par le fait que de son vivant politique, le leader libyen n’a jamais été dénoncé pour ses pratiques liberticides par ces deux hommes et leurs mouvements politiques si on peut parler de mouvements pour deux formations figées dans les approches de leurs gourous bien plus que dans les débats d’idées de leurs membres. Le Peuple Libyen dont on découvre aujourd’hui faussement horrifiés les misères politiques n’a jamais, au grand jamais bénéficié du moindre communiqué de compassion et sans la volonté politique de Sarkozy et consorts et le tableau des méfaits du leader libyen savamment noirci par les chaines satellitaires arabes, on n’aurait jamais trouvé dans ce pays autre chose qu’un peuple en symbiose avec son leader…
Un leader auquel les deux hommes n’ont rien à envier en matière de pratiques autoritaristes, de refus de toute contestation interne, d’intolérance et d’exclusivisme aussi bien que de longévité politique assurée par le recours aux purges dignes du pur stalinisme…
En réalité, le soutien apporté par Sadi et Djaballah au CNT Libyen ne découle pas du tout de leur souci de voir ce mouvement éjecter de l’Histoire un dictateur paranoïaque, mégalomane et hystérique pour permettre au bon peuple de retrouver les vertus de la démocratie et de la liberté à l’occidentale… Ce soutien est un clin d’œil aux fomenteurs du désordre arabe en prévision du désordre que devrait affronter notre pays en sa qualité de prochaine cible… C’est d’une révulsive obséquiosité politique. Il est aussi dicté par cet oppositionisme forcené qui vous détruit tout discernement devant un seul et unique principe : celui de ne pas cautionner la démarche officielle, fut-elle la plus sage ou la plus juste !
Une partie de notre opposition en est arrivée aujourd’hui à cette extrémité, une extrémité littéralement « harkiste » car elle privilégie l’inféodation aveugle aux thèses d’autrui pour le seul besoin de ne pas cautionner notre thèse officielle. En d’autres circonstances, certain parti en sont arrivés à « intelligence avec l’ennemi »… C’est une dérive extrêmement grave de la pratique politique qui se doit en toutes circonstances de respecter les décisions de la diplomatie nationale car celle-ci ne relève pas des attributions des partis de la majorité mais des seules prérogatives du Président de la République.
Et si nos partis veulent se former à ces exigences, ils n’ont qu’à s’inspirer de leurs modèles d’outre-mer où les décisions de souveraineté ne sont contestées que dans les formes, jamais dans le fond.
L’exemple des démissions des ministres Chevènement et Alliot-Marie lors des crises irakienne et tunisienne leur démontrera que dans les sociétés qu’ils prennent comme modèles l’opinion propre d’ un homme politique s’estompe toujours devant celle de la diplomatie de son pays…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire