dimanche 13 mai 2012
ANA MAN'VOTICH... CONTRE LA COALITION !
Les partis dits "de la coalition" que tout le monde s'accorde à traiter de frein à l'émancipation démocratique du pays doivent leur résurrection aux piètres stratèges qui ont fait croire au peuple que l'abstention pouvait les en débarrasser...En réalité, faisant preuve de belle ingénuité, au tréfonds d'eux-mêmes, ces stratèges qui n'en sont pas à leur première incongruité politique, en appelant le peuple à détourner la tête de l'urne fatale, avaient le regard fixé sur la réaction occidentale face à l'insignifiance de la participation populaire sur laquelle ils misaient... comme si la crédibilité d'un vote, même chez ces chantres autoproclamés de la démocratie se mesurait à l'engouement populaire plutôt qu'à l'arithmétique rigoureuse des suffrages exprimés.
Et encore une fois, les scénaristes du statuquo ont déjoué les plans des partisans du changement en exploitant, avec une intelligence remarquable, les propres atouts et le noviciat flagrant de leurs adversaires...
Le RCD, le FIS et nombre d'intellectuels ou de scories du pouvoir de fait et des partis d'opposition, éjectées par les redressements à répétition, en appelant au boycott des élections ont ignoré deux facteurs essentiels ou s'y sont impliqués sans mesurer le service qu'ils rendaient à ceux qu'ils n'arrêtaient pas de pourfendre:
1- Ils ont oublié le comportement des militants "sectisés" des formations-refuges qui, travaillés au corps par les risques de l'aventurisme, se sont repliés en masse vers leurs girons protecteurs, transcendant les habituelles susceptibilités de personnes et oubliant les querelles épiques des redressements récurrents pour ne focaliser que sur le vote "refuge".
Cette peur de l'inconnu politique instillée patiemment par les tribuns alarmistes et catastrophistes, de toutes les tindas de fortune, de tous les minbars orientés, de toutes les unes des médias, avait été savamment accompagnée et ponctuée d'une permissivité très peu innocente devant les manifestations de non droit organisées par des syndicats dits "libre" (le syndicat officiel jouant aux abonnés absents pour montrer la "spontanéité" des revendications et l'indépendance des incitateurs) et des coupeurs de routes qui se sont retrouvés totalement libres de leurs mouvements devant des autorités locales brusquement sans ressorts... Les pourfendeurs du pouvoir, ignorant des tenants et aboutissants de ces mouvements d'humeur pourtant bien trop synchrones pour être sincères, s'y sont même impliqués en enfourchant toute protesta,en applaudissant presque toute immolation par le feu, en mettant en garde contre les déflagrations sociales que pourraient générer les hausses inexplicables des prix de la pomme de terre et des tomates, sans se douter un seul instant que derrière les tableaux de commande des mouvements de foule, les partisans du changement dans la continuité devaient jubiler devant ce "coup de main" inespéré qu'ils leur donnaient en faisant monter cette peur propice à toutes les frilosités électorales...
2- Ils ont oublié que la masse de ceux qu'ils appelaient à bouder le vote n'aurait de toute manière pas donné ses voix à ces trois formations si elle s'était dérangée devant l'urne...
Et c'est ainsi que, voulant sanctionner les "partis du pouvoir" par l'abstention, ils leur ont au contraire rendu un fier service en ne venant pas parasiter les voix acquises qui, comme nous l'avons vu plus haut, étaient préalablement conditionnées au vote refuge.
L'abstention n'ayant jamais influé sur le résultat d'un scrutin, les abstentionnistes qui ont refusé de donner de la voix ont, en réalité, sanctionné l'alternative quelle qu'elle fût et non le statut-quo et c'est ce qui explique les cartons inespérés du FLN qui s'est retrouvé, chance inouie, plébiscité uniquement par ses propres partisans, le gros des troupes ne s'étant pas dérangé et les fragments épars votant pour l'ami ou la parente des petits partis, juste pour la forme car leur audience ne dépassait pas la famille ou la tribu ... Les leaders des trois formations ne se sont pas trompés en appelant ostensiblement à rejeter l'abstention; la médiatisation des très rares boycotteurs qui ont été inquiétés pour leur activisme faisait partie du scénario... Il fallait montrer sa crainte du boycott, non pas pour le décourager, mais pour donner l'impression aux boycotteurs que cette option dérangeait, et pour mieux les pousser au boycott...
Le résultat est là... C'est grâce à l'abstentionnisme qu'ils faisaient semblant de craindre pour mieux le laisser s'imposer, que le FLN et ses deux partenaires ont pu faire "légitimement" leur plein de sièges pour régenter le pays durant toute une autre législature.
C'est dire que le vieux parti a montré encore une fois qu'il possède toute son intelligence pour arriver à se jouer si facilement de ses adversaires en en faisant comme d'habitude les moyens les plus efficaces pour arriver à ses fins...
C'est dire aussi que cette "opposition" qui flirte si bien avec la réthorique, est encore loin de maitriser les arcanes de la politique.
Elle pourra toutefois se dédouaner pour ce cadeau providentiel qu'elle a fait aux coalisés de l'expectative et du statuquo en affirmant que c'est un cadeau empoisonné...
Elle n'aura certainement pas tout à fait tort !
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