
Majorité-opposition… le schéma classique aussi simple que gauche-droite et qui prévaut dans tous les pays que nos politiques prennent pourtant comme modèles et dont ils considèrent les preux ou les pieux dirigeants – selon le cas – comme exemples et directeurs de conscience (1), imitant ridiculement leur emphase et mimant gauchement leur gestuelle, ce schéma classique ne se trouve paradoxalement pas du tout dans l’esprit ni dans l’acte de ces hommes politiques.
En ce pays malade de ses apprentis sorciers, les appellations sont trompeuses, les principes évasifs pour ne pas dire interchangeables, les programmes similaires et sans consistance, quand ils existent(2)…. Le socialiste prône sans rougir un libéralisme forcené, le démocrate est le premier à ne pas s’embarrasser de l’avis de son « petit peuple », le républicain se conduit en roitelet, le trotskyste flirte indécemment avec l’intégriste et l’islamiste ne sait pas à quel verset, quel hadith et quelle schisme religieux se vouer, ceci sans compter la faune des parti-culs élémentaires, ersatz et scories du big-bang qui a pulvérisé le parti unique, sortes d’OPNI (objets politiques non identifiés), sans teneur ni saveur qui polluent l’espace politique et le discréditent en chevauchant un seul principe : l’opportunisme…
Et, pour faire bonne mesure, on rencontre de l’autre côté, des partis-tremplins, sans principes directeurs, se ressemblant à se confondre, qui entretiennent l’illusion de l’originalité plus en cultivant de fausses querelles entre leaders pour des susceptibilités de femmes de harem que pour des divergences fondamentales et qui font croire qu’ils bougent en patinant sur place ou font semblant de vitalité en suscitant et développant des crises internes nées de la gestion des carrières de leurs mentors et ténors plutôt que de divergences ou de remises en cause ou en ordre doctrinales, s’offrant une crise majeure à chaque grande échéance électorale pour cause d’entrechocs frontaux entre les ambitions personnelles plutôt que par contestation des choix politiques ou stratégiques ou par volonté d’imposer un quelconque respect d’une orthodoxie préalablement convenue car ils naviguent à vue sur les eaux fangeuses de la compromission qu’ils veulent faire admettre comme compromis …
Dans ce magma ou le grenouillage fait office de politique, la décantation est une gageure tant les acteurs sont versatiles, les principes absents, les alliances éphémères , la légitimité tronquée, les lignes de démarcation mouvantes, la sanction absente….
Devant louvoyer astucieusement entre les récifs artificiels de la religion, de la langue, de l’identité et de la « légitimité révolutionnaire » que leurs chantres ne veulent pas lâcher sans savoir qu’en faisant de ces constantes des « faire-valoir » ce sont les principes fondamentaux de cette religion, de cette langue et de cette identité de tout un peuple et de cette révolution menée « par le peuple et pour le peuple qu’ils battent en brèche, le « pouvoir » ne trouve aide et assistance qu’auprès des hommes et des forces sociales qui ont compris que l’aventure serait fatale si par malheur l’avenir était livré à la seule volonté de ces partis politiques qui n’ont même pas pu asseoir leurs propres socles et qui prétendent assurer stabilité et progrès à un pays de la dimension d’un continent.
Ces Hommes et ces forces sociales, de l’UGTA au CNES en passant par FOREM et SMA, de Sidi Said à Babès, en passant par Khiati et Benbraham, n’en déplaise aux révoltés de la dernière pluie, aux contestataires du porte-monnaie, aux « opposants » de la frime et des plateaux de télé, aux plumitifs de la « presse de caniveau », à tous ces messieurs-dames qui ne savent construire leur aura qu’on détruisant celle de l’autre. Ces hommes et ces associations sont appelés avec une dérision qui cache très mal un gros dépit : « les pompiers » car, sans jamais déroger à leurs principes, ils se font un devoir d’éteindre les feux au lieu de verser de l’huile pour mieux les nourrir… Comme si le plus noble des métiers, celui des pompiers, pouvait revêtir le moindre sens péjoratif…
En réalité, ceux qui leur donnent ce nom le font en connaissance de cause car ce sont eux… les pyromanes !
1- C’est Ahmed Ben Bella qui, dans son dernier strip-tease médiatique affirmait vouer une littérale vénération à De Gaulle…
2- On se rappelle les mémorables passes d’armes et prises de becs entre le PRA de Boukrouh et le RCD de Sadi, deux « sommités » politico-médiatiques, l’un accusant l’autre de « vol de programmes »
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