mercredi 27 juillet 2011

LE LARCIN EN OFFRANDE

Le credo des prosélytes de la dernière pluie est le respect "religieux" des prescriptions dans l 'espace et dans le temps. Et ce souci de ponctualité et d'exactitude arrive parfois à surclasser toutes les autres conditions qui président à l'exécution des rites: préparation, volonté, conviction, désintéressement...
Cela se remarque dans la course effrénée vers la "Sedjada" dès l'appel du Muezzin ; cela se remarque aussi dans l'assaut vers la Meida dès l'annonce du "F'tour"; cela se remarque enfin dans l'acharnement avec lequel on accrédite l'idée de la nécessaire observation à l'oeil nu du croissant quand les mouvements de la lune sont sus mathématiquement avec une précision qui frise l'absolu et pour des siècles à venir.
Le croyant est réglé avec la minutie d'un métronome.
C'est une très bonne chose ! ...
Et rien que pour ça, on devrait s'accorder pour reconnaître que l'Islam constitue une véritable "Révolution" Lui qui a réussi à imposer à des populations perdues dans les immensités désertiques sans repère spatial ou temporel cette vision du temps en tranches (horaires des prières, début et fin du Ramadhan, horaires du F'tour et du S'hour, Mawssim du Hadj...) et de coordonnées spatiales (Qibla, Mosquée,...).
L'Islam a détruit la complicité qui prévalait entre l'Espace, le Temps et l'Homme au détriment de ce dernier; ce fatalisme de l'homme-spectateur qui se laisse aller au gré de l'espace et du temps.
L'Islam a donné à 1'Homme, bien avant que la Révolution Industrielle ne les lui impose, les armes qui lui permettent de domestiquer l'espace et le temps en les découpant en tranches, en les régentant pour ne plus les subir passivement.
Mais, par la vertu d'on ne sait quelles digressions, les plus fervents défenseurs de l'amalgame du spirituel avec le temporel, ceux qui défendent avec un zèle douteux à tout bout de prêche l'idée de "l'Islam Dine Oua Dawla" sont de ceux qui acceptent la dissociation de l'obligation religieuse de l'obligation vitale.
Et les voici qui acceptent sans rechigner le retard au travail mais s'insurgent qu'on ne réponde pas a la seconde près à l ' appel à la prière, qui banalisent La sortie avant l'heure mais sont scandalisés par la prière avant l'Adhan, qui acceptent tout naturellement de célébrer les grandes fêtes de l' effort physique et moral ( Aid El Adha, Awwal Moharrain…) par le repos et le farniente, qui ne se posent rnême pas la question de choix du Vendredi, jour de l'effort par excellence, comme journée de repos...
Difficile de se retrouver dans cette logique…
L'Ecole de la Prière, celle du Ramadhan, sont des Ecoles qui, en principe, forment des élèves dont le principal mérite est "l'Organisation". Comment expliquer alors que nos Ecoles, nos Unités de Production, nos Administrations et même les services des Urgences de nos Hôpitaux fonctionnent avec cette désinvolture qui se caractérise déjà au matin par une moyenne d'une demi-heure de retard, à midi par un battement d'une autre demi-heure et le soir, pour terminer la journée en beauté, par une demi-heure d'avance sur les horaires officiels???... Et ceci, sans compter la préparation fastidieuse et le temps mis durant les deux prières de la journée qu'on effectue généralement séance tenante...
Pour échapper à ce phénomène de "VOL" auquel nous nous adonnons sans qu'aucun scrupule ne semble effleurer nos petites consciences et qui, si on laisse aller notre Ijtihad et appliquer les sentences extrêmes de la Chariaa, pourrait nous valoir une population "active" à majorité amputée des mains, il faut que nous prenions notre logique à deux mains et que nous nous disions: "trêve d'hypocrisie !"; si le temps alloué officiellement au travail est de 8 H/Jour et que nous sommes bien payés pour les accomplir, il nous faut les accomplir en évitant d'y faire interférer nos obligations religieuses. Et si la paix de nos âmes est si chère, en attendant de fixer dans un cadre légal des horaires qui tiennent en compte nos nécessités spirituelles, soyons honnêtes avec nous-mêmes et avec les autres et faisons en sorte d'arriver plus tôt le matin ou de repartir plus tard le soir pour compenser à notre employeur (tout état soit-il) le temps que nous lui avons indûment prélevé pour le réserver à notre Créateur.
Continuer à agir comme nous le faisons, c'est comme si, du fruit d'un chapardage, nous faisions une offrande.

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