mercredi 31 août 2011

CRISE LIBYENNE: FORCING ET PRESSING SUR L'ALGERIE

L’œuvre néocoloniale de la France de Sarkozy n’a plus besoin d’être démontrée. Comme à son habitude, la France joue du subterfuge le plus grossier, exploitant l’ONU et son Conseil de Sécurité, Ocambo et son TPI, elle ne fait qu’entériner ses choix économiques et géostratégiques en prenant l’exemple des USA qui, sous le prétexte fallacieux de velléités Sadamiennes de se doter d’armes de destruction massives a massivement détruit ce pays de la civilisation humaine, en faisant un magma de peuplades en permanente œuvre d’autodestruction…

Le dictateur libyen qui se la jouait révolutionnaire, panafricaniste et tiers-mondiste ne faisait pourtant plus illusion. On le savait disposé à tous les compromis et à toutes les compromissions depuis l’affaire Lockerbie et celle des infirmières bulgares. Cet homme n’était plus que l’ombre du jeune colonel qui chassait les GI’s de Wheelus et tonitruait dans les tribunes avachies de la Ligue Arabe où n’hésitait pas à donner son coup de pouce aux forces tchadiennes de Goukouni Weddei que la France voulait réduire à coups d’opérations « Manta » et « Epervier » et à faire sienne la guerre de religion qui déchire depuis plus de dix siècles le peuple irlandais…

Le trio Européen qui a décidé de lui faire rendre gorge fut pourtant il n’y a pas si longtemps aux petits soins avec lui à l’instar de Sarkosy qui lui déploya le tapis rouge après que celui-ci lui eût permis de se relooker le profil au plus bas dans les sondages en permettant à Cecilia de jouer la carte humanitaire dans le drame des enfants libyens infectés par le HIV, ou Berlusconi qui, faisant fi de l’orgueil italien reconnut le droit à dédommagements à la Libye pour les préjudices commis durant sa colonisation, faisant grincer des dents une France engagée à l’époque dans un débat similaire vis-à-vis de l’Algérie… Il est vrai que cette victoire Kaddafienne n’était pas du tout une défaite de l’Italie, car ces dédommagements devaient se conclure en… marchés pour ses entreprises. Pareil mea-culpa était très revigorant pour son économie frappée de plein fouet par la crise, c’est d’ailleurs surement ce souci qui a guidé le leader Libyen, bien plus que celui de faire payer l’Italie coloniale…

Kaddafi fut aussi pour l’Europe et les Etats-Unis ce leader arabe providentiel que l’Iran et le Hezbollah ne pouvaient accepter de prendre comme allié, lui qui est considéré comme responsable de la disparition de l’Imam Moussa Sadr, crime pour lequel les Chiites ne pouvaient l’absoudre et qui le fit condamner par la justice libanaise pour complicité d’assassinat.

Il représentait d’autre part le partisan de choix de l’Europe dans ses opérations de « containment » des cohortes de boat-peoples subsahariennes qui remontent vers le Nord dans ce que les démographes appellent « le reflux civilisationnel » inéluctable qui transvase sans répit les bras encore valides d’une Afrique moribonde dans une Europe sénescente…

C’est dire la personnalité très controversée de cet homme qui voulait se montrer impulsif mais qui, en réalité, savait très bien faire preuve de docilité quand il voyait que le courroux qu’il occasionnait pouvait lui être fatal… Il sut même se rallier la sympathie des States en se faisant anti-islamiste zélé quand l’islamisme fut décreté pêché capital par le capitole, en torpillant toute tentative de rapprochement palestino-palestinienne et en passant l’éponge sur l’agression qui lui valut la mort de sa fille adoptive sous les bombes de Reagan… Ses déclarations unionistes qui ne dépassaient pas le stade de l’intention cachaient en fait des pratiques de sournoises divisions et l’Histoire finira bien par dévoiler son rôle néfaste, aussi bien dans le processus de décolonisation du Sahara Occidental sur lequel il soufflait un chaud et froid perfide que sur ses tentatives de kurdisation des Touaregs et ses incursions africaines opérées tour à tour à coup d’appuis financiers ou militaires…

Cet homme aurait pu, s’il avait trouvé une issue pour sa personne et ses proches, accepter de se plier aux volontés occidentales et livrer son pays et son pétrole à leur appétit ; mais ces puissances qui connaissent sa duplicité et sa capacité à troquer le treillis du combattant pour le tablier du servant ne lui ont donné aucune chance de continuer son strip-tease amorcé après la pendaison de Saddam. Ils avaient besoin d’une guerre pour faire marcher leur industrie des armes, ils l’ont trouvée et l’aubaine se doublait d’une autre perspective : celle d’avoir demain à reconstruire ce qu’aujourd’hui on détruit avec frénésie.

C’est que cet homme pouvait, par une autre mémorable obséquiosité politique, éviter cette guerre trop providentielle pour être ajournée !

C’est cette crainte de devoir éviter une guerre si peu couteuse en hommes et si profitable financièrement, qui motive cette chasse à l’homme digne du plus cruel des thrillers, et qui a refusé à notre pays et à l’Afrique d’offrir toute solution de rechange permettant justement de l’éviter…

Ce n’est en réalité pas cet homme que l’Algérie pourrait regretter et ceux qui essaient de lire une quelconque sympathie pour son pouvoir dans la réserve affichée par notre pays devant les épreuves que vit la Libye, ignorent ou font sciemment semblant d’ignorer que ces réserves ne concernent nullement le sort connu par ce pouvoir et ses tenants, autant que la forme que revêt la destruction de ce pouvoir, et les acteurs qui y participent…

On a disserté un peu trop sur l’accueil des proches du dictateur sur nos terres… et un parti politique capable des pires atrocités a même osé, suprême injure aux moudjahidines que ses nervis exécutaient sans sommations, invoquer Novembre pour justifier sa réprobation devant cet acte humanitaire !... Permettre aux proches du dictateur de se mettre à l’abri des exactions d’un mouvement capable des pires atrocités n’est en aucune manière une preuve de soutien à ce dictateur. Sachant qu’ Abdeljalil n’est pas Alexandre et que les proches de Kaddafi ne risquent pas de connaître les égards dont bénéficièrent ceux de Darius, le refus de permettre à ces gens de trouver refuge en nos terres ne peut être compris en dehors de son strict contexte d’assistance à personnes en danger de mort certaine…

Quant à la volonté du pouvoir algérien de ne pas déclarer son soutien au CNT, elle émane peut-être du fait que notre pays, détenteur d’une légitimité révolutionnaire incontestable, n’a jamais conçu qu’un mouvement nettoyant à la kalachnikov les poches de résistance détruites par l’aviation de puissances en mal de reconquête coloniale puisse s’affubler du qualificatif de « révolutionnaire » ou en revêtir la noblesse…

Ce mouvement n’a jamais, au grand jamais bénéficié, par ses accointances et ses méthodes, de la part du peuple algérien et de tous les peuples libres du monde, du moindre préjugé favorable ; et les journalistes de certains titres de notre presse privée qui font un pressing sur le pouvoir algérien pour lui imposer de le reconnaître doivent se rendre à l’évidence qu’il y’a encore suffisamment d’honneur dans nos mœurs diplomatiques et d’indépendance de décision, pour nous éviter d’aboyer systématiquement avec les loups…

On peut être fondamentalement contre un homme et sa politique… ce n’est pas pour autant qu’on se doit de cautionner toute force et toute méthode mobilisées pour en venir à bout. CQFD

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