mardi 23 août 2011

LE PIRE EST A VENIR

Exit El Keddafi…

Dans l’exubérance indécente qui accompagne la chute du dictateur libyen, on ne se rappelle que ses ridicules costumes, ses rodomontades et ses frasques et l’analyse des causes et effets de cette page qu’on tourne est parasitée par les anecdotes sur la vie privée de cet homme qui, il y’a moins d’une année, avait retrouvé une respectabilité qui lui permettait de s’afficher dans ses costumes bigarrés, aux côtés des grands de ce bas-monde…

Conduit à coup de frappes « chirurgicales » et de résolutions musclées à renier lamentablement et honteusement ses principes, cet homme qui n’avait pas comme El Bachir un Sud Soudan à offrir au nouveau découpage du gâteau africain a été convaincu d’acheter une nouvelle virginité en concédant des dédommagements faramineux aux victimes des actes de piraterie aérienne qui lui furent imputés à tort ou à raison.

Ce stratège autoproclamé du devenir africain, grisé par sa mégalomanie, ne s’était même pas aperçu que la vieille Europe qui cherchait une issue de secours devant ses impasses socio-économiques avait inscrit dans sa stratégie d’en faire sa première victime.

Car les raisons qu’invoquent Sarkozy, Berlusconi et Cameron qui parlent de droit des libyens à la liberté ne trompent personne. Ces gens-là, aussi bien qu’Ocambo qui leur donne la caution du droit d’immixtion dans les affaires des autres n’ont invoqué ce prétexte que comme le loup de la fable inventait l’alibi de l’eau troublée pour régler son compte à l’agneau.

En réalité, la destruction de la Libye ne procède que de la volonté d’une autre colonisation que l’Europe conçoit comme seule alternative lui permettant de retrouver sa stabilité faute de recouvrer sa puissance et la Libye n’est qu’une première étape dans un nouveau processus qui devrait ramener nos pays vers les tourments des guerres civiles, du pillage à grande échelle et de la balkanisation…

Ceux qui se félicitent aujourd’hui de la chute du dictateur libyen comprendront très vite, avec ce qu’on fera de son pays et de ses richesses, que le bon samaritanisme de l’Europe n’est comme toujours qu’hypocrisie humanitaire car si c’était le sort des peuples qui intéressait ses va-t-en guerre au grand cœur, ils auraient pu, en mobilisant un centième des dépenses engagées pour détruire un Ubu, sauver tout le peuple de la corne africaine de la faim qui le décime…

Ils comprendront aussi qu’un autre Yalta a été dessiné et que les zones d’influences ont bel et bien été tracées quand ils analyseront l’acharnement européen à prendre en charge le problème libyen et le détachement affiché par les autres puissances des autres continents devant cette affaire dont le traitement semblait dévolu tout naturellement aux coalisés du vieux continent comme si c’était une affaire interne.

L’Europe, malade de l’émergence de nouvelles puissances, malade de ses sociétés sans perspectives, malade de politiques sociales qui la rendent économiquement peu performante, malade des soubresauts de ses minorités qu’elle digère à grand-peine, malade du reflux des populations du Sud, de la « sénilisation » de sa population, des nouveaux pôles et axes d’échanges qui se constituent contre ses intérêts, du devoir de solidarité que lui impose son statut face à ses membres gangrénés par les crises financières, cette Europe vieillie et impuissante ne peut concevoir sa survie que dans de nouvelles aventures d’envergure comme elle le fit lors de la conquête sanglante du Nouveau monde, de l’extension de ses empires aux confins de l’Asie, de l’esclavagisme, de la colonisation, des guerres mondiales, du dépeçage des grands ensembles géographiques, du néo-colonialisme à la Tombalbaye et autre Bokassa etc… Aujourd’hui, sous couvert de démocratie, elle réinvestit ses chasses gardées dans le but d’en faire des leviers qui lui permettront de retrouver sa puissance. Elle a la partie beaucoup plus facile. Ses nouvelles guerres, elle les mènera par l’intermédiaire des têtes de ponts qu’elle a patiemment mises en place dans les nouveaux champs de bataille qu’elle investira de derrière les écrans radars de ses forces aériennes à coups de frappes bien ciblées, et de guerre psychologique qu’elle mènera sans coup férir de derrière les écrans des ordinateurs, à travers les réseaux sociaux du mensonge et de la désinformation…

Ceux qui, ici, en ces terres qui ne furent libérées que par le sacrifice de millions des nôtres, se félicitent de la chute du dictateur libyen, doivent tempérer leur euphorie et se préparer aux pires scenarii car la reconquête européenne des espaces vitaux ne peut se concevoir sans inclusion de notre pays…

Le pire est à venir !

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