
Deux hommes sont en relatif bon état... l'un d'eux, un monsieur d'une soixantaine d'années a du sang qui lui coule du visage... encore sous le choc il est très calme... il s'est assis, hagard et a pris devant lui une fillette de 6 a 7 ans qui geint... elle a le tibia complètement brisé et son menu pied pendouille, retenu seulement par les chairs...
elle ne pleure pas, se contentant de regarder sans comprendre...
L'homme est certainement son père...
A quelques mètres, dans les broussailles épineuses de la steppe, une autre fillette git, étendue sur le dos... elle a l'air morte mais est seulement évanouie... plus loin, une autre fillette, plus âgée a été sortie indemne de la carcasse du véhicule... elle demande son père et montre du doigt un monticule...
Et on le vit...Il avait été éjecté beaucoup plus loin... il gisait désarticulé sur le sol, le crane défoncé... Il était mort...
La fillette a compris... elle tend les mains vers son cadavre dans un geste désespéré pour le secourir mais elle ne peut pas bouger car sa colonne dorsale la paralyse... Elle dit: "Papa est mort... Papa est mort..." ... un des sauveteurs improvisés lui répond qu'il n’avait rien et qu’on l’avait étendu là en attendant les secours...la fillette n'en croit rien... "et pourquoi n'est il pas entouré comme nous ? Pourquoi personne n'essaie de le relever ?"...
Elle a un grand courage cette petite fille... quand elle s'arrête de se plaindre de son dos, du sort de son père, elle tourne la tête vers sa soeur qu’un autre sauveteur avait ranimée en lui versant de l'eau sur la tête et elle lui dit: "n'aies pas peur ma soeur, je suis là, je suis vivante..."
Les pompiers et les gendarmes arrivent... Ils délivrent les blessés du calvaire de l'attente et les automobilistes qui s’étaient arrêtés pour porter secours aux accidentés, du plus cruel des spectacles: celui de fillettes regardant, hébétées, incrédules et impuissantes le corps disloqué de leur père mort...
La conjugaison du jeune et de la conduite continuera durant un mois à nous faire vivre d'autres drames... des drames insoutenables par leur cruauté et inacceptables pour leur gratuité...
Et si, les exégètes qui tentent de définir le voyage donnant droit à rupture du jeune et qui le réduisent à la distance ou à la difficulté se trompaient de bout en bout ? Et si, faisant preuve de prémonition, la religion avait permis aux voyageurs, sans en préciser le type de voyage, de casser le jeune parce qu’elle appréhendait justement ces drames du voyage par automobile qui fauchent à chaque Ramadhan bien plus de vie humaines que toutes celles qu’on déplore durant les autres mois ?
Verrons nous un jour les services de sécurité, non pas traquer les casseurs du Ramadhan dans les chantiers mais obligeant les automobilistes devenus dangereux pour eux-mêmes et pour les autres sous l’effet du jeune à casser la croûte avant de reprendre le volant ?
Il faut peut-être l’espérer, n’en déplaise aux rigoristes de tous poils, car si les jours de jeune raté peuvent être récupérés, la mort, la paraplégie et les autres drames découlant des accidents de la route sont eux, irréversibles !
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