mercredi 12 octobre 2011

QUI DONC POURRA DECRETER LA FIN DES RECREATIONS ARABES ?


Le printemps arabe a fait arriver à maturité tous les fruits de la discorde arabo-arabe… Ses résultats auront été au-delà de toutes les espérances des sorciers qui en ont concocté les ingrédients afin d’en faire cette déflagrante implosion dont les conséquences seront aussi tragiques pour cette sphère géographique et ses peuples que l’intervention des Lawrence d’Arabie et autre Glubb Pacha qui, sous prétexte de libérer les nomades de leurs unificateurs Ottomans, ou de combattre les forces de l'axe, les ont assujettis à des émirs et rois qui ne se sont émancipés de la sublime porte que pour mieux s’inféoder à la perfide Albion…
La suite est connue… de nakba en nakba, ils en sont arrivés à n’être que supplétifs à la traine d’un occident qui n’a même pas hésité à leur planter une écharde dans le cœur pour réprimer toute velléité de réelle indépendance de décision qu’ils manifesteraient, et à cultiver entre peuplades un tribalisme qui, pour être atavique n'en était pas pour autant insoluble dans la modernité.
Des émirats lilliputiens indécemment riches et dépeuplés narguent de leur opulence des pays trop vastes et trop peuplés, créant ici et là les pires tentations totalitaires; ici pour partager sans discussion et sans contestation les pactoles entre richissimes émirs qui n’ont que le mérite surfait et usurpé d’une ascendance sans gloire ni palmarès, là pour réprimer les poussées populaires fébriles à coups de démagogie et de chants révolutionnaires, de fatwas et de bigoteries ou de matraques et de canons à eau…
Mais malgré la terreur des polices politiques que l’Occident formait et armait sans trop se soucier des droits des peuples, malgré l'information-propagande des thuriféraires faits hommes de presse, ce monde dit « arabe » et dont la faiblesse résidait justement dans sa force (vastes étendues, richesses fossiles inépuisables, aire géographique s’étendant sur deux continents, contrôle des voies d’accès…), réussissait à entretenir quelques illusions de puissance, de cohésion et de perspectives de développement.
Ces illusions étaient en réalité entretenues surtout grâce à certains jeux d’influences entre les grands, à la corruption des tenants des pouvoirs, et à une ligue arabe, fondée par les anglais pour mieux servir de ring abritant les pugilats de ses membres faute d’être une organisation tremplin capable d’extérioriser et d'imposer leur volontés d’émancipation.
On sait aujourd’hui que ces tonitruantes déclarations d’indépendance de décision ne furent que leurres car ces gardiens d'ordres révolus se complaisaient si bien dans la vassalité, leurs coups de gueules enflammés n'étant que rodomontades sans suites et grotesques bravades…
Ce magma informe de rois de comédie sortis du moyen âge et de présidents mal élus qui se sont imposés à leurs peuples par les fusils des armées aux ordres et la claque des partis croupion tenait des conclaves colorés et coûteux pour décider… de ne rien décider ; et cette manière de remuer le troufion pour donner l’illusion du mouvement arrangeait tout le monde, à commencer par l'ennemi-alibi qui élargissait ses territoires en sachant que les coups sur la table ne servent très souvent qu'à cacher les deals de dessous de table.
Quand l’Iran, la Turquie, le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, l’Argentine et l’Afrique du Sud se hissaient à la hauteur des aspirations de leurs peuples par leur génie propre, la sphère arabe se gargarisait de construire les plus hautes tours du monde en usant immodérément de ses pétrodollars, de technologie occidentale et de main d’œuvre philippine ou indonésienne… ou de réaliser courts de tennis et circuits de formule 1 et de recruter les gloires brésiliennes pour montrer à l'occident une image séante de l'arabe, lui que cet occident pour jouer à fond la culpabilisation, le caricaturait en barbe et kamis, yeux noircis au khôl et yatagan entre les dents...
Mais tout cela est terminé aujourd'hui, par la « vertu » de ce printemps arabe…
même le semblant d’unité arabe n’est plus que vague souvenir des temps de gloriole où l’on vantait cette nation qui s’étend du Mouhit au Khalidj, qui prenait l’ OPEP en otage et envoyait Zaki Yamani et Belaid Abdeslam faire peur à un Occident dont les compagnies pétrolières réussissaient à engranger les pactoles et qui imputaient les hausses du prix de l’essence à la pompe à ces arabes pour mieux leur faire jouer leur rôle de repoussoir, essuyant sur leur dos l’impopularité des régimes politiques et des politiques sociales qu’ils adoptaient…
Ceux qui ont mijoté la cuisine de cet ineffable printemps arabe ou des intégristes islamistes s’affublent de la pilosité des barbudos cubains et de l’effigie du « Che » en se faisant ouvrir les villes par les avions yankees et qui se disent révolutionnaires sous la bannière de l’Union Jack ou de Marianne, ont perfidement programmé l’anarchie en fustigeant et combattant l’ordre…
Et au lieu de revenir à la discipline et à la cohésion seules conditions pour espérer s’accrocher au monde qui avance, nous voilà livrés à l’anarchie la plus complète avec des grèves-kermesses à longueur d’années, des coupures de routes pour un oui pour un non, des sit-in sans fin, des désobéissances sociales aux conséquences fatales sur les valeurs de légalisme, d’honnêteté intellectuelle, d’intégrité morale et de respect de l’autre, de ses idées et de ses biens, conséquences dont nous ne mesurons pas la portée sur les esprits des générations à venir …
Et comme si tout cela ne suffisait pas, voici que sur le terreau fertile de l’anarchie, poussent les perfides intolérances que nous croyions révolues… L’arabe qui a trop longtemps focalisé sur un ennemi commode parce que devenu depuis 1967 et 1971 un ennemi de simple principe se retrouve confronté à ses propres démons et ils sont nombreux…
Le printemps arabe qui a démuselé anarchiquement des citoyens trop longtemps sommés de se taire et qui a libéré des coqs de combat trop longtemps attachés à leurs fers nous fait déjà entrevoir ce que sera demain à travers ce que nous voyons et vivons aujourd'hui…
Et devant l’incurie et l’anarchie qui risquent de nous ramener loin en arrière, jusqu’à notre hilalisme moyenâgeux, qui donc osera devant la menace des Ocambo, le blanc seing des chaînes satellitaires et les exhortations des Sarko en tous genres, qui donc osera décréter le salutaire arrêt de ces récréations aussi loufoques que tragiques?

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